IX.2. Campagnes GPS de rattachement des marégraphes

Les premières campagnes GPS de rattachement des marégraphes dans un système de référence terrestre mondial ont vu le jour il y a environ dix ans maintenant, en particulier très tôt en France et en Angleterre, 1986, dans le but de déterminer le biais entre les surfaces de référence des systèmes d'altitudes respectifs, NGF-IGN69 et ODN [Willis et al, 1989]. Depuis, les expériences se sont multipliées en Europe comme en témoigne l'inventaire ci-dessous que nous avions effectué en 1994 dans l'objet de définir un réseau de marégraphes de base en Europe [Boucher et Wöppelmann, 1994-b].

La plupart de ces campagnes résultent de l'élan enthousiaste qui suivit le rapport de la CMSLT en 1989 [Carter et al, 1989]. Mais, aujourd'hui, force est de constater que, malgré la volonté d'appliquer les techniques spatiales à la marégraphie et l'intérêt scientifique de leur synergie, peu de résultats ont été diffusés aux utilisateurs, et encore moins sous une forme pratique de base de données complémentaire à celle du PSMSL. Les explications peuvent être multiples, liées en particulier à:

Il est d'ailleurs très instructif d'examiner les deux rapports très détaillés qui furent publiés sur les résultats des campagnes du projet baltique [Kakkuri (Ed.), 1994 et 1995]. On comprend aujourd'hui mieux les résultats médiocres obtenus avec le GPS jusque 1990. " Médiocres " vis à vis des résultats théoriques espérés et annoncés dans Carter et al [1989], on peut comprendre que certains instituts ou scientifiques se soient gardés de les faire connaître aux utilisateurs.

Dans les résultats du projet de la mer baltique, on remarque que les sessions journalières de chaque centre de calcul présentent des répétabilités de plusieurs centimètres, de 5 à 10 cm suivant le centre. La comparaison des solutions globales de chacun montre par la suite des écarts moyens de plus de 10 cm [Poutanen, 1994]. Les causes ne semblent pas manquer pour expliquer les discordances observées. D'abord, la qualité des données était nettement moins bonne que prévue. Des sessions entières étaient inexploitables sur de nombreux points, tous les types de récepteurs employés étaient concernés par ce problème. La stratégie de " réseau fixe " en était même compromise, de même que le calcul des orbites des satellites. En outre, les effets systématiques des variations de centre de phase de l'antenne et des mélanges d'antenne sont évoqués dans la plupart des compte rendus de calcul. L'effet des perturbations ionosphériques est également avancé. Notons que l'activité solaire se trouvait alors proche d'un maximum du cycle de onze ans.

Les résultats de la campagne GPS de 1993 indiquent en revanche un accord de 2 à 3 cm sur la composante verticale entre les diverses solutions globales individuelles produites par les différents centres de calcul [Poutanen, 1995]. Zielinski & Zdunek [1995] citent parmi les facteurs qui ont permis cette amélioration: une constellation de satellite plus complète; des observations de meilleure qualité; une ionosphère plus calme; l'amélioration des modèles de traitement des données (version 3.4 du Bernese Software); la disponibilité d'orbites IGS du centre CODE; des meilleures coordonnées du réseau fixe (ITRF93), et un calcul distingué suivant le type d'antenne.



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  • Guy Woppelmann
    Last modified: Thu Jan 22 16:19:22 WET 1998